Félicité est la protagoniste de la nouvelle Un coeur simple, écrit par Gustave Flaubert (connu surtout pour le roman Madame Bovary) et publié en 1877, trois ans avant sa mort, dans le recueil Trois Contes. La nouvelle a eu une adaptation peu connue en 2008, réalisé par Marion Laine avec Sandrine Bonnaire. Déjà en 1997, le film avait été adapté par Giorgio Ferrara avec Adriana Asti.
Simple servante, Félicité travaille pour Mme Aubain depuis des années. Toujours loyale, Félicité tente tout de même vivre malgré les difficultés de la vie.
Biographie[]
Après une enfance misérable où elle fut placée comme simple fille de ferme dans la campagne normande à la suite de la mort de ses parents, Félicité fait la rencontre d'un jeune homme au bal qui lui plaît et la demande en mariage. Le moment dit, l'amoureux n'est pas au rendez-vous, et elle apprend que celui-ci s'est marié avec une riche vieille fille afin de payer un « homme » pour assurer sa conscription à sa place. Trahie, Félicité quitte la ferme et part pour Pont-l'Évêque à la recherche d'une place de bonne. Ses gages étant très bas, elle est employée par Mme Aubain, une jeune veuve mère de deux enfants, Paul et Virginie, qui vit de ses rentes. Félicité s'occupe de ses tâches avec efficacité et parcimonie, et se prend d'affection pour les petits, qu'elle chérit de tout son cœur.
Paul, pour son éducation, doit partir au collège de Caen, et Virginie commence son catéchisme accompagnée par Félicité, qui apprend ainsi les rudiments de la religion catholique, qui la fascine mais qu'elle interprète toutefois à sa manière. Virginie à son tour doit partir chez les sœurs pour faire son éducation, laissant sa mère seule. Félicité, privée des deux enfants, trouve désormais une chaleur affective avec son neveu Victor, qui lui rend visite de temps à autre. Les années passent ainsi, et en 1819 Victor s'engage comme marin au long cours. Félicité, peinée de ce départ court seule à pied au Havre pour les adieux. Un jour elle reçoit la triste nouvelle de la mort de son neveu à Cuba des suites de la fièvre jaune et sombre dans la tristesse. Quelques mois plus tard, c'est Mme Aubain qui reçoit de mauvaises nouvelles sur la santé de Virginie, dont la faible constitution semble mal s'accommoder de problèmes pulmonaires. Les médecins recommandent un éloignement en Provence pour profiter du climat, mais Mme Aubain décline la proposition alors que sa fille semble se remettre. Cependant la rémission est de courte durée, et Virginie est emportée par une fluxion de poitrine. Félicité veille deux jours et deux nuits la petite défunte : sa mère sombre dans le désespoir. Les années passent, au rythme des travaux de la maison et des événements de la première moitié du xixe siècle.
En 1828, le nouveau sous-préfet nommé à Pont-l'Évêque rend visite à Mme Aubain. Ils viennent à se fréquenter et nouent une amitié bourgeoise de province. Le préfet, qui a vécu dans les îles, possède un domestique noir et un perroquet qui fascine Félicité car il vient des Amériques et lui évoque ainsi le souvenir de son neveu Victor. Le préfet se voit muté à une nouvelle affectation et laisse en guise d'adieu le perroquet à MmeAubain, qui n'en a que faire et le donne à sa bonne. Félicité le nomme Loulou, s'occupe affectueusement de lui, et transfère tout son amour sur cet étrange compagnon. Un jour que le perroquet profite de sa liberté pour s'échapper, Félicité part à sa recherche, finit par le retrouver, mais attrape une otite, qui dégénère et la rend pratiquement sourde. Elle se renferme de plus en plus dans son monde intérieur, entendant seulement le bruit de son oiseau. Durant l'hiver 1837, Loulou meurt de congestion et sur les conseils de sa maîtresse, Félicité le fait empailler. Elle le place dans sa modeste chambre parmi les simples objets hétéroclites et souvenirs de son humble vie. La vie de Félicité n'est plus rythmée que par les repas de sa patronne et les messes à l'église ; émerveillée par les vitraux du Saint Esprit, elle ne peut s'empêcher de faire l'association avec son animal empaillé ; elle finit par le mettre dans sa chambre à côté d'une image d'Épinal du baptême du Christ.
En 1853, Mme Aubain meurt à son tour et la maison est mise en vente, précipitant d'un seul coup toute la vie de Félicité dans l'abîme. La propriété ne trouvant pas d'acquéreur, elle peut y demeurer ; craignant tout revirement des héritiers, elle ne réclame rien pour la maintenir en état. Le toit se dégrade et Félicité, dont la chambre prend l'eau, attrape une pneumonie. Enfin, à l'occasion de la Fête-Dieu, vieille et malade, après un dernier baiser d'adieu au perroquet délabré, elle l'offre au curé, pour qu'il soit déposé sur l'autel dressé à proximité de la maison. La procession passe, s'arrête au reposoir où trône Loulou, et un dernier nuage d'encens parvient, sur son lit de mort, à Félicité, qui voit un perroquet immense l'emporter au ciel.[1]
Description[]
Apparence physique[]
Même dans la fleur de l'âge, Félicité est marquée physiquement par son travail de servante; il est dit qu'est paraît plus vieille qu'elle ne l'est dès ses vingt-cinq ans. Flaubert décrit une femme qui a non seulement vieilli prématurément, mais qui est également dépourvue de toute vie, de tout enthousiasme, au point de ressembler à un pantin désarticulé, à "une femme en bois, fonctionnant d’une manière automatique."[2]
Dans le premier chapitre, il est dit qu'elle porte toujours la même tenue, peu importe la saison, c'est-à-dire : "un mouchoir d'indienne, fixé dans le dos par une épingle, un bonnet lui cachant les cheveux, des bas gris, un jupon rouge, et par-dessus sa camisole, un tablier à bavette, comme les infirmières d'hôpital.".
Personnalité[]
Félicité est une femme solitaire qui n'existe que par l'action : "toujours silencieuse", la jeune femme se définit par son ardeur au travail. Félicité se définit d'emblée par son statut de "servante". Elle accomplit les tâches ménagères avec minutie, rigueur et endurance comme le souligne les deux premiers paragraphes de la nouvelle. Peu dépensière, car sans le sou, Félicité limite les dépenses.
Fervente catholique, Félicité se rend à la paroisse de Pont-l'Évêque tous les matins et récite son chapelet avant de s'endormir. Pieuse, voire dévote, Félicité est quelque peu superstitieuse et plutôt naïve. Sa fidélité à Madame Aubain, décrite comme une personne bien peu agréable, en fait un personnage méritant et courageux : depuis ses dix-huit ans, Félicité a dédié sa vie à l'entretien de la maison et aux enfants de sa maîtresse.[3]